samedi 20 juin 2009

Retour sur RAID IN France ou l’incroyable expédition de la montagne à la mer, de la Chapelle en Valgaudémar à Fréjus…

Le briefing de la course donne le ton , on ne verra nos assistants qu’ à 2 reprises, ce raid est une expédition !... Pascal Bahuaud, l’organisateur, ne plaisante pas, le sommeil est réglementé, on doit prendre 11h de repos à nous de gérer…








C’est donc l’effervescence la veille du départ alors que chacun tente de fermer son sac à dos dont les fermetures sont prêtes à exploser tant le sac est plein , et lourd ! Je joue à mc Gyver pour fixer mes chaussures de montagne et mes crampons à l’extérieur du sac parce que de toute façon dedans çà rentre pas ! Quand le sac est bouclé, reste encore la bouffe…Pour l’instant, pas de solution, je fourre les pâtes, sandwichs, salades , noix de cajou et autres barres de céréales dans ma musette que je porterai en bandoulière par -dessus le sac à dos. (merci Lapin pour cette bonne idée. Avant de partir, j’ai sorti la machine à coudre pour en fabriquer 4 avec de la toile de spi. Je crois que mes coéquipiers ont apprécié !)
Tous mes vêtements sont dans des sacs ziploc au cas ou : il a plu une grande partie de la nuit à la chapelle en valgaudémar et le temps change tellement vite en montagne …
Le départ est donné dimanche matin à 9h00 pour une CO autour du village. Tout le monde court, çà sera l’unique fois pendant le raid… Suit la section raft sur la Severaisse, c’est une première pour moi et je me suis régalée, c’était super !
Le 1er trek en montagne est indéniablement le plus dur : au programme, 45 kms, 4500m de dénivelé + et passage de 3 cols à 2700 : col de , col de Mourge et col de Gouiran. Nos sacs à dos sont hyper lourds, avec les chaussures de montagne, les crampons, le sac de couchage, la tente, pelle, sonde arva sans oublier la bouffe pour 2 jours et les fringues de rechange ! A 2100 m on est obligé de s’équiper avec les chaussures de montagne et les guêtres, le règlement nous l’impose et la neige est au rendez-vous comme prévu .La progression est fatigante car la neige est molle et on enfonce parfois la jambe toute entière. Je laisse beaucoup d’énergie à me hisser pour sortir de ces situations désagréables. Je suis également à la peine quand la pente devient très raide et glissante…Alors quand la pluie, la neige le froid et la nuit s’en mêlent , çà devient très dur ! j’ai eu plusieurs fois l’onglée avec mes gants en soie plutôt légers et pas chauds du tout… Heureusement les descentes dans la neige sont plus ludiques surtout quand on choisit l’option glissade sur les fesses ! Avec mon sur-pantalon gore-tex je ne risque pas d’être mouillée alors je n’hésite pas !
La redescente jusqu’au parc VTT n’en finit pas, la dernière balise est de l’autre côté de la cascade dont le débit est impressionnant ! On cherche le moyen de traverser, heureusement, c’est le petit matin, il fait jour et l’on aperçoit une tyrolienne. Comment ont fait les équipes qui sont passées de nuit ? J’apprendrai plus tard que certaines, n’ayant pas trouvées la tyrolienne ont traversé ce « torrent en folie » avec de l’eau jusqu'à la taille…
Comme beaucoup d’équipes on se pose pour dormir 2 heures au CP. C’est exactement à ce moment là que le soleil, qui n’avait pas encore fait son apparition jusqu’à maintenant, décide de venir rompre la quiétude d’un repos bien mérité, nous obligeant Bruno et moi à sortir de la tente pour se poser à l’ombre d’un véhicule de l’organisation. (leurs regards sont compatissants…) La levée du camp se fait un peu plus tard que prévu, Philippe et Pierre étant partis pour 1 journée de sommeil sous la tente en plein cagnard, et Bruno, collé à la voiture s’étant rendormi comme un bébé… Pour ma part le soleil et la chaleur m’ont vraiment empêché de bien dormir. (moi qui d’habitude suis un vrai lézard !!).En revanche, les chaussettes, dossards de course, et autres textiles mouillés ont bien séchés…il faut voir le bon côté des choses !
On laisse le matériel de montagne au CP (attention contrôle drastique de l’organisation), et enfourchons nos VTT pour 80kms.
C’est en pleine nuit qu’on atteindra le CP de transition avec le trek « descente »(500m de déniv négatif). Temps estimé 45’. On mettra plus de 3 heures ne parvenant pas à trouver le chemin qui n’existe pas. Il fallait en effet bartasser un peu…c’est ce qu’on décide de faire mais un peu tard ! Il faut vite oublier ce calvaire et profiter de la petite section de kayak sur le lac de Serre- Ponçon qui nous mène à l’assistance 1, enfin ! Rémi et Aurélien nous accueillent avec le sourire, tout est prêt, le ravito, les tentes, les tapis de sol, les bons duvets, hummm, çà va être bon de dormir dans le confort ! 2h30 de sommeil profond, à l’ombre cette fois-ci avant repartir en kayak pour une quinzaine de kms sur le lac en plein cagnard !
Au CP, vérification du matériel obligatoire par l’organisation, avant de s’élancer sur le trek de 38 kms au-dessus de st Vincent le fort. On fait un bout de chemin avec l’équipe « yogi tea ». Carine Porret m’impressionne car c’est elle qui oriente…C’est beaucoup moins sympa de se rendre compte que l’on a pris du matériel en trop et qu’on va devoir se le trimballer aussi sur la section vtt de 150 bornes…
Les arrivées aux CP sont un réel plaisir et c’est assez marrant de réveiller les bénévoles de l’organisation au beau milieu de la nuit ,ou au lever du jour, au milieu de nulle part, pour leur signaler notre passage. Ils nous accueillent toujours avec le sourire et un petit mot d’encouragement…Du coup on repart plein d’énergie !
Repos de 2 h avant les interminables 130kms de VTT que l’on bouclera en 35 heures, avec une pose dodo vers minuit de 3 h.
Le dénivelé est conséquent mais tant que c’est roulant çà passe. En revanche, les portages sont pour moi très pénibles surtout quand la pente est verticale et mes coéquipier me viennent en aide en prenant mon vélo. Nos arrêts sont fréquents : il faut s’alimenter, se soigner les pieds , faire popo, réparer les crevaisons… bref, notre rythme n’est pas très élevé ! On a retrouvé du peps quand la porte horaire à 15h à Châteauneuf nous a semblé jouable. C’est effectivement un peu avant 15h00, qu’ on a pointé au CP, acclamés par les bénévoles ! La surprise est de taille, nos assistants sont là avec ravitaillement à volonté !... On se goinfre mais il faut déjà repartir pour le canyon du Baou. Pour l’anecdote, Aurélien a fourni un effort physique dont il se souviendra longtemps pour ramener à madame ses 2 sacs étanches(seule chance de garder quelques fringues au sec) restés dans les véhicules 1 /4 d’heure de marche plus bas…Merci Aurel !
Le canyon n’est pas difficile, il n’y a pas beaucoup d’eau et seulement 2 petites descentes en rappel. L’eau est fraiche, et c’est agréable après toutes ces heures passées sur le vélo…J’ai pourtant bien cru que c’est dans ce canyon que notre aventure allait s’achever , alors que Bruno, s’est plaint soudainement d’une violente douleur au genou, l’empêchant de marcher.
Il terminera la section en boitant, avec une branche d’arbre en guise de canne jusqu’au CP ! C’est là que nous prendrons la décision de shunter l’épreuve suivante,( le trek dans les gorges du verdon) l’organisation nous promettant une lourde pénalité mais pas de mise hors course.(ouf). On appelle les assistants afin qu’ils nous véhiculent jusqu’à la section de kayak sur le lac de sainte croix(15kms). Cette navigation de nuit nous conduit à l’assistance 2, et après un bon repas et un petit dodo , on va faire connaissance avec nos chevaux. Départ de la balade à 6h30. On se retrouve avec l’équipe Planète tonique (400 team !) on restera ensemble durant tout la section. C’est pour moi un moment de récup, « PLAN-PLAN » est obéissant, il a la caisse, et tiendra le coup jusqu’à l’arrivée, malgré la chaleur naissante du début de journée. Petit bémol à cette rando à cheval, ma figure acrobatique à 100 m de l’arrivée : une mauvaise manip du cavalier de devant a troublé mon cheval qui s’est emballé et m’a tout simplement éjecté. J’ai impressionné tout le monde sur ce coup-là et suis finalement ravie de changer de monture ! On roule 20kms en VTT avant d’embarquer sur l’Argens avec les kayaks. On nous annonce d’emblée que l’on sera obligé de shunter une partie (comme la plupart des équipes d’ailleurs), ce qui réduira considérablement les 70kms initialement prévus ! La navigation est facile, avec quelques passages sportifs mais ludiques dans les rapides . On a tous les 4 le sourire, on nous avait annoncé des passages en classe 3 mais je pense qu’ils étaient un peu marseillais !
C’est donc en véhicule d’assistance que l’on se dirige vendredi soir à Roquebrune. Le départ de la CO pour nous est à 3h30 du mat, ce qui laisse un peu de temps pour dormir. J’ai l’impression d’avoir des ailes mais il faut dire que nos sacs sont beaucoup plus légers ! Philippe assure en orientation et après plus de 4h de « crapahutage » dans le massif des Maures ou les genoux ont bien soufferts, on pose nos fesses dans les bateaux pour la dernière section de Kayak avec le passage en mer jusqu’à Port Fréjus. Seulement voilà, le soulagement est de courte durée car Philippe casse sa pagaie dès le début, ce qui l’oblige à ramer avec une pagaie simple ! On se rappellera aussi du passage à la mer ou notre embarcation est tout simplement passé sous 1 vague !!! Le bateau est resté stable, on a pris une bonne douche, mais peu importe, plus que 2 petits kms et c’est l’arrivée…
Champagne, photos, interviews, on est accueilli en héros, c’est cool. Nous voilà de retour à la civilisation. Je vais enfin pouvoir compter mes bleus !
Je viens de participer à un raid vraiment engagé, difficile, long et éprouvant qui nécessitera une longue récup… Mais l’aventure est belle, les paysages magnifiques et ce « retour à la nature » une belle leçon d’humanité…
J’ai apprécie ce format de course , je n’ai pas eu de baisse régime et je n’ai pas trop souffert du manque de sommeil. Stef m’a même trouvé toute pimpante à l’arrivée ! Alors à la question serais-tu prête à recommencer, je répond, …oui !
Je suis néanmoins un peu frustrée de ne pas avoir fait le trek dans les gorges du Verdon avec les via corda, les descentes en rappel et surtout la fameuse remontée sur corde de 60 mètres pour laquelle je m’étais bien entrainée…
Merci à mes coéquipiers Philippe , Pierre et Bruno qui m’ont fait confiance sans vraiment me connaitre et avec qui l’entente a été parfaite. Je ne me souviens pas d’une seule tension dans l’équipe, même dans les moments difficiles.
Un grand merci à nos 2 assistants, Rémi et Aurélien qui ont été à notre service et qui ont tout donné pendant cette fabuleuse semaine !...
Merci à tous ceux qui m’ont suivi, encouragé et soutenu durant cette inoubliable aventure…
Chris

6 commentaires:

FranCO a dit…

Brava!
Et merci pour cet article qui nous fera rêver...

Anonyme a dit…

Que dire à ça : ouahhh, extrême, énorme, follieeee .....
Bravo à toi et à tes congénères.
Pense à récupérer : dormir + de 3 heures est un concept tout à fait valable je t'assure ;-)

Cédric

Anonyme a dit…

Personnellemnet j'ai une pensée émue... pour Steph ! qui a fait la lessive, le repassage, les courses, s'occupe des enfants, la vaisselle, le boulot (non pardon il est prof de gymm) et nous a même tenu au courant d'heures en heures des tes exploits ... Bravo à toi Steph !
et Bravissimo à toi Chris (si t'as lu jusqu'au bout !)
Martin

dom a dit…

ca me rappelle une vieille série :
"au delà du réel "

t'es vraiment une championne !

Anonyme a dit…

Entre la petite Christine qui soulève des montagnes et le grand Chris qui se plie en 4 pour trouver la meilleure astuce pour soulever les montagnes en question, on a le couple gagnant!
Bravo à tous les deux...Vous êtes impressionnants!
Biz
Mayeulle

Anonyme a dit…

...et le grand Steph, il fallait lire...Le trail, ca tue les neurones...
re-Mayeulle