mardi 1 novembre 2005

UN CAMELEON AU "PEÏ "DES MARGOUILLATS.


Récit de la balade de Michel et Jean-Paul sur la diagonale des fous 2005.
Jeudi 20 oct. Il est 23h30 lorsque nous quittons notre gîte de Manpany les bains situé au sud de l’île au bord de l’océan indien. Je n’ai pas pu dormir l’après midi comme je l’aurais souhaité car loris et son copain dont j’avais la garde ont chahuté toute l’après-midi. Le long voyage en avion, puis la voiture pour retirer les dossards ont accentué ma douleur au dos, mon osteo m’avais prévenu. Ce sont les filles qui nous emmènent en voiture, direction cap méchant à 2O minutes plus au sud. C’est de là que sera donné le départ de cette 13ième édition de la diagonale des fous. Nous avons de la chance car cette nuit de pleine lune est claire et douce contrairement aux nuits précédentes ou vent et pluie se sont abattues sur l’île (d’après les autochtones le printemps a 3 semaines de retard). Les filles nous lâchent à l’entrée du parc fermé interdit au public, les groupes de musiques et danses folkloriques sont déjà là et à pied d’œuvre. Nous prenant en photo sous la banderole du départ nous échangeons quelques mots avec Patrick MONTEL (monsieur athlé) présentateur sur France 2, il est venu couvrir l’évènement et fort sympathiquement il tient à donner son avis à Sylvie qui prend quelques photos sur l’angle de prise de vue. Il nous fait part de l’émotion qui se dégage en ces lieux et qu’il ressent très fort, il sait et nous aussi savons, nous allons vivre un grand moment. Il nous traite de « fous » et nous souhaite bonne chance. Peu de concurrents sont arrivés pour l’instant nous sommes à H-2 et nous ne faisons pas la queue pour le pointage code barre avec infrarouge du dossard et contrôle (très sérieux) des sacs. Nous attendons patiemment assis sur un banc du ravitaillement à l’autre bout du stade d’où sera donné le départ aux flambeaux et percussions. Je ne ressens pas de stress comme pour les autres courses, car je sais que pour moi contrairement à ceux qui jouent une place ou un temps ça ne va pas partir vite. Je considère que c’est une grande chance d’être là avec tous les ennuis physiques rencontrés cette année pendant ma préparation. Grâce aux informations inscrites sur les dossards nous pouvons savoir d’où viennent les concurrents et en profitons pour faire connaissance. H moins 10 minutes les tam-tam ont laissé place au directeur de course, celui-ci appelle les dossards prioritaires et nous donne les dernières recommandations. A ce moment précis je lance à Michel « ce coup-ci on y ait. » Vendredi 21 oct. 1H58 à ma montre le départ est donné, je n’ai volontairement pas mis le chrono en route car pour nous l’objectif est clair : « Il faut gérer pour finir ». Alors que nous apercevons les premiers s’élancer comme pour un départ de 10 000m, nous piétinons sur place un moment puis nous partons. Pour ne pas se faire aspirer par les premiers nous nous sommes placés volontairement en queue d’un peloton de 21OO participants. Les 3 premiers kms de route goudronnée sont bordés par la foule venue nombreuse nous encourager malgré l’heure tardive. Nous avons pris l’option sur cette portion de trottiner et je tiens Michel par son sac à dos pour ne pas le perdre. Le début du parcourt longe l’océan, une forte odeur d’iode nous remplie les poumons. La route est vallonnée et cela nous permet de voir au loin, très loin, car les premiers concurrents ont déjà allumé leurs frontales. Je me retourne pour constater que nous sommes pas les derniers.. Au lieu-dit LE BARIL nous bifurquons à gauche, un panneau indique « RF mare longue sentier botanique » la route laisse place à une large piste forestière au milieu des cannes a sucres, en faux-plat montant. Tandis que certain continuent de courir, nous nous mettons à marcher. 1h 30 de course et 17kms plus tard, premier pointage et ravito. Tout va bien je me sens un peu mou mais pas du tout fatigué et mieux encore ma douleur au dos a disparu. A partir de là nous entamons une longue ascension 7km à 23% moyen avec des passages à + de 25% .Un sentier très technique composé de racines et de boue. Les premiers bouchons se forment, par moment nous restons plus de 1O minutes immobiles, il est très difficile de doubler et cela demande beaucoup d’énergie, on en profite pour récupérer. C’est là que faisons la connaissance d’Annlyse, nous nous retrouverons souvent sur le parcourt. Elle s’est mise au trail depuis peu, elle fait la course avec son mari. Elle finira le grand raid 6mn derrière nous « chapeau bas ! » Et à peine 2 h après son mari qui la lâchement abandonné au volcan. Le jour se lève enfin, il nous aura fallu plus de 4 heures pour venir à bout de cette montée (+ 1600m) et déjà les premiers concurrents partis trop vite sont accroupis au bord du chemin. Il reste des cristaux de glace par terre, il a du faire très froid cette nuit. Devant nous à quelques enjambées, le puits du volcan altitude 2200m et derrière l’océan : magnifique ! Il nous faudra encore une heure de sentier sur la crête pour atteindre le premier gros ravitaillement de la route du volcan 7h47, 5H47 course 1302ième. Pour compenser mon manque de mobilité du bassin je pousse plus sur ma jambe gauche et une petite contracture est apparue au mollet gauche. J’essaie de me faire masser, mais les toubibs sont envahis par les concurrents en difficultés. Nous décidons de ne pas attendre et de repartir après avoir « fait le plein.» Nous sommes frais et entrons dans la plaine des sables en alternant marche et course. Devant nous à perte de vue se dresse une colonne de poussière soulevée par les concurrents et balayé par un vent d’Est faible. Le spectacle est grandiose, les roches volcaniques sont de plusieurs couleurs, vertes, rouges, oranges en passant par le jaune et certaines scintillent au soleil. La fin de la plaine des sables est marquée par un mur de 240m. tout en haut à 2400m, l’oratoire de sainte Thérèse, c’est le point culminant du parcourt. Alors que nous approchons de cet obstacle je ne distingue pas encore les casquettes blanches sahariennes sillonnant ce mur abrupt et je me demande par où ils vont nous faire passer. Cette ascension sera plus impressionnante que difficile. Une fois passé ce col, nous déroulons sur un sentier rappelant par sa couleur ceux du Salagou jusqu’au prochain ravito. Piton textor annonce l’entrée de la plaine des cafres, nous sommes passé de la roche volcanique aux sentiers de terre au milieu des champs où des vaches paisibles nous regardent passer. On pourrait se croire en Lozère en Margeride si des petits palmiers n’étaient pas présent partout. Nous trottinons depuis un moment sans ressentir de fatigue et remontons beaucoup de concurrents dans cette partie facile jusqu'à : Mare a boue 12H24, 10H24 de course 1070ième. Ce ravito est tenu par des militaires de la F.A.Z.S.O.I, de la caserne Lambert à ST DENIS, c’est toujours rassurant dans ce contexte de les voir s’agiter pour nous. Eux savent ce que c’est que l’effort et autant vous dire que c’est du costaud, Poulet grillé, pain, pattes, soupe, fruits secs etc…il faudra être bien alimenter pour affronter ce qui constitue le deuxième test sérieux du grand raid : coteau maigre et surtout le coteau de Kerveguen, interminable sentier pierreux boueux racineux, imaginez la fin de la montée du Pic st Loup après une averse mais en beaucoup plus long. 3h de grimpette la fatigue se fait sentir, beaucoup de concurrents chutent. J’atteins le sommet situé a 2200 mètres sans trop de difficultés, j’affectionne ce genre de chemin technique. Celui-ci domine le cirque de Cilaos, malheureusement le froid et le brouillard m’empêchent de voir grand chose. Michel en bon grimpeur m’a un peu distancé en temps normal j’aurais essayé de le suivre mais la route est longue encore. Il m’attend prés d’un groupe de musiciens venus mettre de l’ambiance. Ces sommets de col sont grandioses, ils ressemblent un peu ceux du tour de France, tant la foule s’amasse nombreuse. A un détail prés, nous montons beaucoup moins vite et nous ouvrons grand la bouche pour respirer. Les gens nous appellent par nos prénoms, ceux-ci sont écrits en grosse lettre sur nos dossards et cela fait chaud au cœur. Tout au long du parcourt nous serons surpris de trouver des spectateurs au milieu de nulle part, certains groupes vont camper pendant trois jours. Nous ne nous attardons pas car nous voulons arriver à Cilaos la moitié du parcourt en distance avant la nuit. Nous entamons une descente qui restera pour moi d’anthologie. Moins 1000m de dénivelé soit 20% en une heure de temps dans une forêt de cryptomerias. Nous avons juste le temps de remarquer une plaque fixée sur un rocher à la mémoire je crois d’un concurrent. Dans ces conditions, difficile de lire et de toute façon il ne faut pas se déconcentrer, par moments nous sommes obliger d’emprunter des échelles, tellement le sentier est abrupt et glissant. Nous pensons être arrivés à la fin de notre première étape et bien non. Après une heure de descente alors que village semble tout proche le parcourt emprunte un sentier technique qui descend dans la ravine de bras de benjoin avant de remonter de l’autre coté. Un contrôle de passage nous attend car la tentation est grande de relier directement le stade de Cilaos ou se tient le 3ième gros ravito. A ce moment précis après 15H22 d’efforts nous sommes classés 926ième. Nous ne sommes pas très fatigué, les masseurs nous le confirmerons plus tard en nous disant que nos pieds sont en très bon états et nos muscles souples contrairement a beaucoup d’autres passés avant nous. Malgré tout comme prévu nous décidons de faire une grosse pause. Lavage, massage, restauration, 1H30 de demi-sommeil sur des lits picots installés dans des tentes de l’armée prisent d’assaut par les concurrents fatigués. Certains n’en repartiront pas. Nous sommes a 1200m d’altitude et le froid accentué par la fatigue est tombé avec la nuit, il faut se faire violence pour repartir de dessous les chaudes couvertures de laines alors que nous avons fait à peine la moitié du parcourt et lorsqu’on sait ce qui nous attend. 4 heures d’arrêt au total, il est 21h 24, après nous avoir re-contrôlé les sacs nous quittons Cilaos, nous sommes pointés 1143ième soit 217 personnes sont passées devant. Nous récupérons le GR après être passé devant les anciens thermes descendons vers source aux piments et cascade bras rouge avant de remonter et de traverser la route d’îlet à corde où se tient un petit ravito. Au programme le célèbre col du Taïbit. Dans la montée du col la stupeur et le doute m’envahi. Certains concurrents font demi-tour « c’est trop dur je ne prends pas le risque dans Mafate dans cet état ». Alors que nous continuons de grimper ça et là des concurrents enroulés dans leurs couvertures de survie sont allongés au bord du sentier. Pratiquement à chaque épingle du sentier tortueux nous rencontrons des déchets de barres énergétiques au milieu de flaque de vomi. Nul doute que ce sentier laissera des traces dans les organismes, comme dirait mon ami GOUDGOUD, « il va nous secouer la paillasse »et il valait mieux l’aborder en bon état physiquement. En plein milieu du col dans un endroit improbable, des bénévoles ont fait du feu et des tisanes. Nous ne nous y attardons pas car à en juger l’épaisse fumée qui sort de notre bouche à chaque effort, il ne fait pas plus de 2 ou 3°. Au sommet du col un panneau au milieu des acacias annonce le premier village du cirque de Mafate : Marla à 40 mn, il nous faudra plus d’une heure de descente a 30% et quelques marches pour l’atteindre. Samedi 23 oct. Il est1H44 du matin 23H44 de course 923ième. A l’approche du ravito, un spectacle peu commun donne lieu a un curieux mélange de sentiments. Nos frontales se reflètent sur des centaines de couvertures de survies. Allongés à même le sol les concurrents pris de fatigue et de froid n’ont pu trouver refuge a l’intérieur du ravitaillement. Je suis partagé entre la joie de ne pas subir ce sort et de la peine pour ces concurrents dont la plupart resteront là. Michel et moi nous faisons straper les genoux car la descente a laissé des traces. Nous quittons MARLA en enjambant pour la première fois la rivière des galets. Il n’est pas rare de marcher au milieu de fleurs de plus d’un mètre de haut appelées « arum ». Les sentiers à l’intérieur du cirque sont la plupart du temps composés de traverses de tronc de 1 mètre de large qui laissent penser que le sol est souvent boueux. Le relief y est assez plat, c’est la plaine des tamarins. Malgré l’obscurité grâce à nos lampes nous devinons une végétation luxuriante, de temps à autre nous entendons des bruits bizarres dans les fougères. Alors que certain s’acharnent à marcher sur ces rondins au risque de glisser sur le bois humide, nous choisissons de marcher à coté jusqu'à la Nouvelle. Ce ravito est au centre de Mafate il est 4H09, 26H09 de course. Un pied devant l’autre nous marchons au fond du cirque et le jour se lève enfin, cela fait plus d’une heure que je lutte contre le sommeil, je demande à Michel de continuer à me parler pour ne pas tomber et m’endormir. Je repense à toutes ces heures d’effort accumulées ces dernières années, à l’entraînement comme en course, seul ou en équipes avec les Caméléons, par tous les temps, sur terrains de jeu divers et variés. A la traversée de la Corse par le GR 20 avec mes deux copains guides Patrick et Fabrice qui avaient fini de me convaincre de participer à la diagonale. C’est cette somme d’expérience qui fait que je suis encore là, un grand raid c’est sur, ça ne s’improvise pas ! Je pense tellement fort que j’ai l’impression qu’une voix est à mes cotés, c’est ça : je suis en balade avec moi-même. Est ce le début de la folie ? sméagol ou golum ? Une belle glissade sur une marche (une de plus) me ramène à la vie, nous arrivons à trois roches. Les organisateurs ont tendu une corde pour traverser le gué, celle ci n’est pas assez tendue et je ne prends pas le risque de m’en servir. Je ne tiens pas a me mouiller les pieds, pas maintenant. Au ravito de roche plate 7h13 du mat, 29h13 de course, 762ième. Le soleil est entré dans le cirque et l’envie de dormir à disparue. Nous entamons la montée au milieu des Filaos sur Ti’ col la brèche. Il nous offre une superbe vue sur les îlets (petits hameaux perchés sur des plateaux) aux orangers et lataniers. On a l‘impression en regardant le relief que les montagnes ont été taillé a coups de hache. Pour l’occasion les gens ont sorti leurs sonos et la musique raisonne dans le cirque. Nous rentrons maintenant dans les gorges de la rivière des galets. Se succèdent, sentiers en corniches, passerelles, nous avons encore la force de courir et lorsque l’hélicoptère vient nous filmer à la sortie des gorges, pas question de s’arrêter. Au terme d’une descente rapide le long d’une conduite forcée, nous franchissons « la passerelle de Cayenne », pour remonter de l’autre coté. Il commence à faire très chaud le long des parois rocheuses, je me dis que le même sentier dans l’autre sens au même moment de la journée aurait été très pénible. La rumeur dira plus tard que certains ont coupé en suivant la rivière des galets que l’on traversera plusieurs fois. Tant pis pour eux ils auront loupé la vue depuis la dernière passerelle « bras d’Oussy » celle ci est impressionnante, 100 mètres au-dessus du vide, et auront manqué le contrôle juste après. Ensuite on redescend par un faux plat sur 4 km jusqu’au dernier gros ravito de Mafate : deux bras. C’est ici que l’on choisit de faire notre 2ième et dernière halte sérieuse, massage, plat chaud « rougail saucisses » repos 1h30. Cela fait 35h20 que nous sommes partis et les habitués nous disent qu’il faut compter 8 heures pour finir, je ne sais pas comment le prendre, puis je me dis qu’on va faire ce qu’on fait depuis le début, mettre un pied devant l’autre et le temps fera le reste. La montée de 900 mètres sur dos d’âne pour sortir du cirque de Mafate se fait sans trop de soucis, nous avons choisi de suivre des créoles qui avaient un bon rythme, et puis on commence à y être habitué. Ces deux créoles là sont les seul depuis le début a ne pas répondre au téléphone pendant l’effort, la plupart d’entre eux n’arrêtent pas d’appeler ou de se faire appeler et je dois admettre que ça m’agace. Au ravito de dos d’âne un parfum de réussite flotte dans l’air, on peut lire sur nos visages comme un sentiment de satisfaction, c’est énorme ce qu’on est en train de faire. Nous venons de passer la dernière grosse difficulté nous sommes au KM 121, 37h18 de course et 722ième et, comble de bonheur, ce village est accessible en voiture, ma petite famille et nos amis nous ont fait la surprise de nous rejoindre. Ils ont suivi la course en temps réel sur Internet et savaient où nous trouver. 15H18 nous quittons dos d’âne super motivés, l’ascension de piton fougère + 500 m n’est qu’une formalité. Ce qui l’est moins c’est le sentier en crête qui le prolonge. Celui ci est constitué de racines sur lesquelles la terre s’y est déposée et on a l’impression de marcher sur un trampoline. Il ne fait pas plus de 2 mètres de large et lorsque je m’arrête pour contempler la vue je suis pris de vertiges. A partir de là nous courrons, ce sentier en crête est très plaisant, nous remontons sur beaucoup de concurrents, certains sont éclopés et marchent à l’aide de bâtons ou d’une autre personne, tel des zombies, beaucoup ne nous répondent plus lorsqu’on leurs parle et je me demande dans quel état ils vont finir. Au ravito kiosque affouche on nous annonce qu’il reste que 12kms. Une des leçons que nous retiendrons c’est de ne pas raisonner en km et de ne pas écouter les gens, à part les officiels, qui vous annoncent un temps ou une distance qu’il reste à parcourir. 18H55, 4OH55 de course 657ième nous entrons dans Colorado Nous avons dépassé 486 coureurs depuis Cilaos incroyable ! ma famille et nos amis nous y attendent, c’est le dernier pointage et ravito avant l’arrivée. Les médecins de l’organisation nous observent rapidement, tout est OK. Si notre état avait été jugé insatisfaisant, nous aurions été contraints à l’abandon. Malheureusement cela arrivera à d’autres. Nous entamons l’interminable descente sur ST DENIS 5kms à 12%. En temps normal il faut à peine 1 heure pour descendre, on mettra presque le double. Michel se plaint depuis un moment de son genou et boite de plus en plus. Quant à moi tous mes os me font mal comme si j’avais la grippe, signe de grosse fatigue. Cette descente dans l’état ou nos sommes est très dangereuse (je comprends mieux le contrôle plus haut). Pour la première fois je maudis l’organisateur. Je repense à ce que m’ont dit certains coureurs ayant déjà fait cette épreuve « tant que t’es pas à la redoute t’es pas arrivé" par moment nous apercevons le stade, avec ses gros projecteurs on peut pas le louper. Il semble tout proche et ça n’en fini pas de descendre rocher après rocher, marche après marche. A chaque fois ne nous pensons toucher au but une épingle nous renvoie à l’opposé. C’est dans une des dernières épingle qui surplombe le stade que nous décidons de faire une halte. Je sors de mon sac une fiole de rhum que j’avais emporté et nous la dégustons en savourant ces derniers instants de course en duo. On peut voir pratiquement tout st Denis ainsi que l’océan. Un curieux mélange de sentiments se fait sentir, nous sommes heureux d’en finir et en même temps c’est la fin de l’aventure. Que la vie nous donne encore la force de vivre des moments aussi intenses, que va t’on pouvoir faire après çà pour se procurer autant de sensations ? 2OH42 nous entrons sur la redoute, nous ne saurons jamais si c’est l’effet du rhum ou de l’arrivée, nous ne sentons plus la fatigue ni la douleur. Encouragé par des centaines de personnes, je tiens Michel par l’épaule, le stade est en fête depuis l’arrivé du premier concurrent et le restera jusqu’au dernier. Cracheur de feux, joueurs de tam-tam, fakir sont actions, le speaker a du mal à se faire entendre, c’est vraiment l’évènement sportif de l’année. Si je devais qualifier en un mot cette épreuve je dirai simplement « énorme. » Je prends Michel par la main et nous réunissons tout ce qu’il nous reste de force pour trotter les 200 derniers mètres de piste en terre battue les bras en l’air, Loïc et Loris mes deux garçons courent à mes cotés j’en ai les larmes aux yeux je suis heureux. Après 146kms, 8500m de dénivelé +, 42H42 d’efforts, nous venons de finir notre premier Grand Raid un des plus dur depuis sa création avec 700 abandons soit 38%, et nous sommes 664ième.
Voilà l’histoire des dossards 54 et 239, deux héros anonymes parmi tant d’autres. Car de l’avis des initiés et des gens de l’île, tous ceux qui finissent le grand raid sont des héros. C’est aussi la balade et la belle aventure de deux bons amis unis par le sport depuis plus de 10 ans, à l’autre bout du monde par deux nuits de pleine lune. Merci Michel.

Jean-paul ANDRE

vendredi 28 octobre 2005

DU GROS, DU LOURD...DE L'AVENTURE CATALANE !!! (par christophe)

100 000 VOLTS CONTRE COURANT ALTERNATIF

Ah bon, il faut un stylo rouge, un compas et une règle pour reporter les balises ??? Et bien on n’a rien de tout ça.
On est au briefing-tracage des cartes, et on passe pour des gros charlots.
Heureusement, Il y a toujours le GPS pour s’orienter. C’est Olivier le spécialiste. Sauf que là, ça ne marche plus. Impossible de rentrer un point. Yves Masson essaie de nous aider. Il nous appelle les rigolos…ça fait toujours plaisir de sentir la reconnaissance des spécialistes !

Section 1
Argelès sur Mer
Kayak
Le ballet des pagaies

84 pingouins à gilets de sauvetages se dandinent sur la plage d’Argelès.
On a pas trop le temps de réfléchir à ce qui nous attend, et ça vaut mieux.
Top chrono, c’est parti.
La file des escargots de mer à coque en plastique s’étire. Magie du ballet des pagaies à contre jour. Mais que c’est beau…
Céline et Olivier partent comme des tarés. Ils se croient sur un « Défi Vert ». Avec Ludo on les laisse s’exciter.
Premières balises. Les choix des équipes sont déjà différents. Au Cap Béar, deux furieux, alpinistes en combinaisons néoprènes tentent même l’escalade par la face est !
Côté Caméléon, on a accroché les deux kayaks, Ludo et moi, on pagaye, pendant qu’Olivier et Céline courent chercher les balises par les chemins. Avec ludo, on espère que ça va les calmer, ils sont tellement à bloc…
Une balise sous marine, puis deux. La mer est d’huile, on galère pas trop avec ces canöes en plastique et c’est déjà l’arrivée.

3h30 de kayak
Arrivée lundi, 11h30

Section 2
VTT
On attaque tranquillement le dénivellé. Premier choix, la balise trois est au col de Rumpisse. Portage or not portage ? On choisit la première solution. Et c’est parti pour une bonne demi heure le vélo sur le dos. Pardon, les vélos pour Olivier (le sien et celui de Céline). On dirait qu’il a une montée d’hormone le Petit Jedï (c’est son surnom). Il ne tient pas en place, ça ne va pas assez vite pour lui. 3-4 équipes nous dépassent. Elles ont laissé leur vélos en bas du GR et font l’aller-retour à la balise. On continue, sûr de notre choix…pas tant que ça finalement…
Passé le col, on attaque direct à travers les genêts, en redescendant vers une piste que l’on voit en contrebas. 5 minutes de bartasse et ça râle, ça conteste, ça remet déjà tout en cause. On est limite de l’engueulade !!! Ouf, on tape la piste…descente, montée, descente, montée, descente,…un peu long à lire mais beaucoup plus à rouler. Un dernier petit col et c’est le PRA 2, là où nous attendent les assistants.

Le notre, c’est Aurélien. Il assure carrément : caisses de matos, zip-locks de purée-pâtes et bonne humeur garantie. Merci Aurélien. Promis juré, on t’appellera plus « Brice de Nice ».

5h de VTT
arrivée lundi-16h30

section 3
Course d’orientation

Après une heure de course-marche, avec l’équipe raidlink, on trouve la balise 4 dans un tunnel. C’est aussi le début du mien. Peu d’entraînement et un corps qui lutte contre une gastro : un mauvais cocktail qui va m’assommer. A partir de là, je subis la course.

Premier sommet, couché de soleil et vent froid dans le nez : on commence à comprendre le menu de la Catalane. Je me traîne lamentablement en queue de peloton. Ludo est à 4 mètre devant moi mais je suis incapable de combler ce gouffre. Grosse solitude. Céline et Olivier sont à bloc et courent 50 mètres devant…

A la balise 5, petit choix stratégique : la 6 est optionnelle et au fond d’une gorge. Je me demande comment je vais pouvoir remonter le mur en face. Je tente de les convaincre que le choix est mauvais…peine perdue. J’ai les joues tellement creusées qu’elles vont bientôt se toucher !

Grosse descente en hors piste, dans les pierriers et les arbustes. Arrivée en bas, Olivier a perdu sa frontale, demi tour pour lui et Céline, et gros répit pour moi. Sandwich au nutella, sandwich au jambon et miracle, je revis. Dans la nuit, on attaque le suivi d’une rivière qui se transforme en petit canyoning. Céline n’est pas à l’aise, et c’est vrai qu’il ne faut pas se rater.
On tape la 6 et dans la remontée, c’est au tour de Ludo de coincer…pendant 4 jours, Ludo et moi on va se refiler le rôle du boulet !!!
Toutes les 20 minutes, l’adjudant Céline nous lance le célèbre « allez, allez, on court ! ». Réponse, solidaire, d’un des boulets « non, on est mort, on court pas… »Dépitée, elle repart et trottine loin devant l’équipe. (C’est le Célinomètre : plus elle est énervée, plus elle court loin devant…)

Dans les collines, on voit les frontales des autres équipes. Magie de la nuit en raid.
Balise 7, on voit les lumières de la côte, loin sous nos pieds. On part au feeling pour rattraper le GR. 40 minutes et deux points GPS plus tard, on passe près d’un arbre qui se découpe en ombre chinoise sur le ciel. Ce serait pas l’arbre de la balise 7 ? A ben si tient…

Recalage, forêt, balise et arrivée avec nos amis de Pic Saint Loup Aventure au rappel de 60 mètres. Ca fait haut pour tomber. Et c’est bien ce qui a faillit arriver à l’Américaine de Défi Raid. Ils remontent tout juste de l’arrivée du rappel et Manu, leur capitaine, est blême. Le huit de la miss a été accroché sur un des passants (sur lesquels on met normalement les longes). Le passant a cassé et miraculeusement, en tombant, la jambe de la miss s’est enroulée autour de la corde. Elle continue la course comme si de rien n’était.

Descente sur le PRA3. Céline veut courir. Ludo est catégorique : on marche.
Scission au sein du parti, deux courants s’opposent : le courant des 100 000 volts (Céline et olivier) et les modérateurs (d’allure…, Ludo et moi). Nous on est plutôt branché courant alternatif : un coup de bien, un coup de barre…
Grosse tension dans l’équipe…

Arrivée au PRA 3.

9 heures de CO
mardi-2 heures du mat

Je suis carbonisé. Ca caille carrément. On a envie de dormir. C’est quoi ce sport de taré ?
15 minutes pour se changer, manger, se motiver. C’est déjà le gong. L’adjudant féminin est sur son vélo. « On y va, allez, allez ! »
(« allez » : mot de 5 lettres particulièrement énervant, qui ne sert qu’a faire culpabiliser celui qui l’entend…)
Pourquoi faire les choses calmement quand on peut les faire dans le stress…

section 4
VTT
Hypo-Ludo

On attaque par deux heures de montée, histoire de nous calmer. Ludo est bon pour la voiture-balais. Si il ralentit encore, il redescend en marche arrière. C’est interminable cette côte. Olivier s’endort au guidon. Les PSL nous doublent, leur féminine tractée. On continue, imperturbables.

Au sommet, première hypo pour Ludo. Il prend deux guronsan.. J’essaie de rouler à côté de lui mais il se traine tellement que je le largue sans même le vouloir. L’escargot en bave. Subitement, je l’entend monter une vitesse, puis deux, puis le moyen plateau, le tout en 10 secondes. Il part comme une balle en criant « j’ai la patate d’un seul coup ». On attaque la descente à bloc. On a des gros spots comme éclairage et c’est tellement bon de descendre. On repasse les PSL, Florence, leur féminine à le casque de travers, la frontale sur un œil. Elle a l’air complètement en vrac.

On continue de tartiner. Lever du jour à la balise 13. Grosse remontée de moral pour tous. Rassurez vous, ça ne va pas durer…
Une demi-heure plus tard, Olivier négocie avec un papy pour emprunter son chemin privé. Quand on se retourne vers Ludo, il est allongé de tout son long au milieu de la piste. Les yeux mi clos, il à l’air inconscient.
« Oh Ludo, ça va ? » Pas de réponse. Il est complètement dans le cirage. On lui donne des pâtes de fruit, de l’eau et de la vitamine C. Il repart en marchant, livide. On fini piteusement la section. Pendant la dernière demi heure, on ne pense plus qu’à ce qu’on va manger en arrivant. Aurélien nous a promis des tartines de pélardons aux pommes et au miel…

8 heures de VTT
arrivée mardi 11h30

PRA 4
C’est si bon de manger. On se goinfre.

Section 6
Trek

On repart gonflés à bloc. Ludo se sent des ailes. Pour ma part, j’ai toujours de la guimauve dans les jambes…Au bout d’une heure, Olivier me tire à l’élastique. On repasse Raid nature 46, puis les PSL. Gros rythme de progression. On rattrape Défi Raid. 30 heures déjà depuis le départ, et on court comme des tarés dans les sous bois, pour aller encore plus vite.
Petite engueulade entre Céline et Olivier. Classique. Un peu de bartasse le long d’une rivière, puis une piste interminable (2 heures) jusqu’à l’arrivée. On arrive dans la même minute que les PSL et Raid Nature 46.

Arrivée mardi 17h, après 33 heures de course.

Les derniers arriveront le mercredi à 11 h (+ de 50 heures de course !).


2ème ETAPE
VTT

On repart le jeudi matin, à 3h.
Ca commence par une montée, pour changer. Les équipes de tête partent à bloc. Nous on gère plus tranquillement. On rattrape les Raidlinks et Planète Tonique, et on arrive en groupe au col, après 3h30 d’effort. C’est là qu’on fait notre grosse boulette…ils partent à gauche, par la route des crêtes. Nous on opte pour la descente dans la vallée (qui dit descente dit remontée de l’autre côté). Une bonne grosse descente ou je me pèle tellement que j’arrive en bas tétanisé. Je ne vais pas m’en remettre. Dans la remontée, je coince. Olivier tente de me tracter mais je n’avance vraiment plus. Grosse « hypo », allongé sur le dos, au bord de la route. Il est 7h30. Encore 35 heures de course !





Il est pas frais le gars...














On repart à deux à l’heure et on s’arrête dans un café. Je m’allonge sur les banquettes, au fond du gouffre. Le seul client, un petit papy, nous parle de ses problèmes de prostate. C’est glauque cet endroit…

On reprend les vélos pour aller chercher la balise 19, tout en haut de la crête. On croise plusieurs équipes qui descendent à bloc. Elles sont passés par le chemin des crêtes. On se sent tous minable, avec notre choix foireux d’itinéraire. Grosse baisse de moral pour tous. Arrivé au sommet, Céline et moi on s’engueule un bon coup. Ca couvait depuis 3 jours. Là on se lâche…sympa l’ambiance !

On commence la montée vers le Canigou. Ludo dit : « la prochaine voiture, on l’arrête et on s’accroche sur les côtés ! ». Juste à ce moment on entend un bruit de moteur. On voit un gros camion de « Pink Floyd » déboucher du virage. Ludo ne se démonte pas et leur fait signe. 1 minute plus tard, mon Ludo et moi, on est assis à l’arrière, entre les vélos, la cuisinière, le chien et les gamins (ils en ont trois). Ils sont à la recherche de copains qui circulent dans la montagne en roulotte…On leur raconte notre course. Ils nous prennent pour des malades !!! Au bout de 5 minutes, ils nous déposent. On a gagné 200 mètres de dénivellé…





Les pinks floyds viennent de nous déposer. On est mort de rire avec Ludo...pas Olivier et Céline...











Et c’est reparti pour les forçats de la piste. Quelques lacets plus loin, Céline et moi faisons la paix.


Trois heures pour atteindre le col. On n’a pas spécialement mal aux jambes, par contre on a les fesses en choux fleurs…













deux pauvres types perdus dans la montagnes...












petite pause au sommet...0°c et 60 km/h de vent...hummmmmm, quel pied !!!











Balise 20, place au portage de VTT. Il y a tellement de vent qu’on a l’impression qu’on va s’envoler avec le vélo.



Pour corser l’affaire, on traverse un éboulis rocheux et c’est miraculeux qu’aucun de nous ne se ramasse. On arrive à la balise 21 à 15 heures. Pas de problème, mercredi, Olivier a écouté religieusement le briefing. Il nous repète depuis ce matin qu’il n’y a pas de porte horaire…Sûr Olivier ? Perdu !

On est aiguillé sur le parcours aventure.

Banzaï côté versant nord. La végétation devient méditerranéenne, le soleil revient, on descend à bloc…yaooouuuhhh…la boulette est revenue. Petit VTT technique. Olivier et moi on s’amuse à faire du trial. Hop, hop, hop…et un gros soleil pour Olivier. J’égalise en prenant un râteau sur le dos. On voit des étoiles. Ca nous calme bien.





On fait les beaux...mais dans 5 minutes, Olivier et moi on prend chacun un gros rateau










Arrivée au PRA 6, on s’est tapé 14 heures de VTT. On a les fesses…

Jeudi, 17h

Spéléo
Ca va être tranquille la spéléo, on va pouvoir se reposer…
Pas vraiment non…C’est super beau, mais super casse tout aussi…on se retrouve à marcher pliés en deux, puis accroupis, puis à quatre pattes, pour finir à ramper sous les stalactites. On a les genoux ruinés. Au secours, c’est par où la sortie ?













VTT
On enchaîne direct avec le VTT. Les Hollandais de Merrell sont partis une demi heure avant nous, en bike and run. On les rattrape vite, mais ils s’accrochent. Ils courent comme des malades dans la forêt. On a mal pour eux.
PRA7
Arrivé au camion, on mange de l’alligot (Aurélien, c’est un chef) et on dort une heure. A 23h45, on repart pour le dernier trek.

Trek

Ca commence par une p… de montée, on se traîne à 300 mètres de dénivellé heure. Arrivé en haut, Ludo demande à s’arrêter une minute. Il s’assied et s’endort dans les deux secondes qui suivent, en ronflant. Deux secondes, record du monde battu. On explose de rire et il se réveille aussitôt. Il nous dit qu’il a rêvé !




Ludo fait le point...il vient de battre le record du monde...






On repart mais on est de plus en plus crevé. Vers 5 heures du mat, on passe dans un petit village. Un type erre avec des paquets sous le bras. C’est Manu, de Défi Raid. Il a l’air complètement à l’ouest. Il cherche son équipe qui dort quelque part dans le village (ils ont trouvé une grange et dorment dans la paille).

On continue encore une demi heure et on s’écroule dans un pré, au milieu des bouses de vaches. Une demi heure de « comatage » et le réveil sonne. On est congelé, tétanisé.

Je marche à deux à l’heure, en laissant traîner mes bâtons derrière moi. Ca fait hurler de rire Ludo, qui marche derrière. Il se fout bien de ma gueule. Au bout de 5 minutes, il est hystérique. Pour rien, il s’allonge au milieu du chemin, en hurlant d’un rire suraïgue. Il doit lui rester un quart de neurone non congelé au Ludo.

Miracle, Olivier repère un refuge à 15 minutes de là. 3 matelas un peu pouilleux, 3 couvertures à puces : c’est le nirvana !
On dort deux heures, quel bonheur…




Un des meilleurs moments du raid...




Au réveil, on pête le feu. Il fait beau, des chevaux broutent dans le pré, ça sent l’écurie pour nous aussi. Plus qu’une journée de trek. On tartine jusqu’au refuge de … On y retrouve nos Hollandais. Eau chaude, café, pâtes. On traîne, on est bien.

Allez, c’est parti pour l’assaut final. Pour ma part, j’ai l’impression de revivre. Comme si je dominais à nouveau mon corps. Je me suis traîné pendant 3 jours et d’un coup: la boulette. On court dans les descentes et sur le plat. On repasse les Hollandais.



Derrière nous, le Canigou, devant l'arrivée...plus que 10 heures de trek. Après ce qu'on s'est mis, ça nous parait une formalité !







Ludo attend la dernière balise pour coincer. Il court avec les cuisses écartées. Un petit problème d’irritation.« Eh moins vite là, j’ai les c… complètement brûlées… »Avec son accent du sud en plus, c’est dur de ne pas se marrer. On ne se gêne pas d’ailleurs pour bien se foutre de sa gueule !





Ludo, comment vont tes ... ?









18 heures de trek

Dernier PRA, il est 18h, on fonce faire la CO avant la nuit.
Olivier regarde la carte et part au sprint, comme une CO régionale. Ludo et son entrejambe douloureuse ne bougent pas d’un centimètre. Bon, on va composer.

On oriente à deux et on s’amuse bien. Dernière balise.

On descend sur Eynes. Dans une minute, c’est terminé. On va passer la ligne d’arrivée sous les applaudissements, on va se prendre dans les bras, on va sûrement pleurer d’émotion, de fatigue, de joie. Ca va être magnifique.
Ludo craque de partout, on dirait un petit vieux. Dernier virage. « On attend Ludo, on reste groupé pour la photo… »
Une banderole, une table, une pointeuse seule dans la nuit. C’était l’arrivée…ah oui, on la voyait pas comme ça tient. Finalement on va pas pleurer.

Arrivée à 19 heures
44 heures de course

Christophe