vendredi 28 octobre 2005

DU GROS, DU LOURD...DE L'AVENTURE CATALANE !!! (par christophe)

100 000 VOLTS CONTRE COURANT ALTERNATIF

Ah bon, il faut un stylo rouge, un compas et une règle pour reporter les balises ??? Et bien on n’a rien de tout ça.
On est au briefing-tracage des cartes, et on passe pour des gros charlots.
Heureusement, Il y a toujours le GPS pour s’orienter. C’est Olivier le spécialiste. Sauf que là, ça ne marche plus. Impossible de rentrer un point. Yves Masson essaie de nous aider. Il nous appelle les rigolos…ça fait toujours plaisir de sentir la reconnaissance des spécialistes !

Section 1
Argelès sur Mer
Kayak
Le ballet des pagaies

84 pingouins à gilets de sauvetages se dandinent sur la plage d’Argelès.
On a pas trop le temps de réfléchir à ce qui nous attend, et ça vaut mieux.
Top chrono, c’est parti.
La file des escargots de mer à coque en plastique s’étire. Magie du ballet des pagaies à contre jour. Mais que c’est beau…
Céline et Olivier partent comme des tarés. Ils se croient sur un « Défi Vert ». Avec Ludo on les laisse s’exciter.
Premières balises. Les choix des équipes sont déjà différents. Au Cap Béar, deux furieux, alpinistes en combinaisons néoprènes tentent même l’escalade par la face est !
Côté Caméléon, on a accroché les deux kayaks, Ludo et moi, on pagaye, pendant qu’Olivier et Céline courent chercher les balises par les chemins. Avec ludo, on espère que ça va les calmer, ils sont tellement à bloc…
Une balise sous marine, puis deux. La mer est d’huile, on galère pas trop avec ces canöes en plastique et c’est déjà l’arrivée.

3h30 de kayak
Arrivée lundi, 11h30

Section 2
VTT
On attaque tranquillement le dénivellé. Premier choix, la balise trois est au col de Rumpisse. Portage or not portage ? On choisit la première solution. Et c’est parti pour une bonne demi heure le vélo sur le dos. Pardon, les vélos pour Olivier (le sien et celui de Céline). On dirait qu’il a une montée d’hormone le Petit Jedï (c’est son surnom). Il ne tient pas en place, ça ne va pas assez vite pour lui. 3-4 équipes nous dépassent. Elles ont laissé leur vélos en bas du GR et font l’aller-retour à la balise. On continue, sûr de notre choix…pas tant que ça finalement…
Passé le col, on attaque direct à travers les genêts, en redescendant vers une piste que l’on voit en contrebas. 5 minutes de bartasse et ça râle, ça conteste, ça remet déjà tout en cause. On est limite de l’engueulade !!! Ouf, on tape la piste…descente, montée, descente, montée, descente,…un peu long à lire mais beaucoup plus à rouler. Un dernier petit col et c’est le PRA 2, là où nous attendent les assistants.

Le notre, c’est Aurélien. Il assure carrément : caisses de matos, zip-locks de purée-pâtes et bonne humeur garantie. Merci Aurélien. Promis juré, on t’appellera plus « Brice de Nice ».

5h de VTT
arrivée lundi-16h30

section 3
Course d’orientation

Après une heure de course-marche, avec l’équipe raidlink, on trouve la balise 4 dans un tunnel. C’est aussi le début du mien. Peu d’entraînement et un corps qui lutte contre une gastro : un mauvais cocktail qui va m’assommer. A partir de là, je subis la course.

Premier sommet, couché de soleil et vent froid dans le nez : on commence à comprendre le menu de la Catalane. Je me traîne lamentablement en queue de peloton. Ludo est à 4 mètre devant moi mais je suis incapable de combler ce gouffre. Grosse solitude. Céline et Olivier sont à bloc et courent 50 mètres devant…

A la balise 5, petit choix stratégique : la 6 est optionnelle et au fond d’une gorge. Je me demande comment je vais pouvoir remonter le mur en face. Je tente de les convaincre que le choix est mauvais…peine perdue. J’ai les joues tellement creusées qu’elles vont bientôt se toucher !

Grosse descente en hors piste, dans les pierriers et les arbustes. Arrivée en bas, Olivier a perdu sa frontale, demi tour pour lui et Céline, et gros répit pour moi. Sandwich au nutella, sandwich au jambon et miracle, je revis. Dans la nuit, on attaque le suivi d’une rivière qui se transforme en petit canyoning. Céline n’est pas à l’aise, et c’est vrai qu’il ne faut pas se rater.
On tape la 6 et dans la remontée, c’est au tour de Ludo de coincer…pendant 4 jours, Ludo et moi on va se refiler le rôle du boulet !!!
Toutes les 20 minutes, l’adjudant Céline nous lance le célèbre « allez, allez, on court ! ». Réponse, solidaire, d’un des boulets « non, on est mort, on court pas… »Dépitée, elle repart et trottine loin devant l’équipe. (C’est le Célinomètre : plus elle est énervée, plus elle court loin devant…)

Dans les collines, on voit les frontales des autres équipes. Magie de la nuit en raid.
Balise 7, on voit les lumières de la côte, loin sous nos pieds. On part au feeling pour rattraper le GR. 40 minutes et deux points GPS plus tard, on passe près d’un arbre qui se découpe en ombre chinoise sur le ciel. Ce serait pas l’arbre de la balise 7 ? A ben si tient…

Recalage, forêt, balise et arrivée avec nos amis de Pic Saint Loup Aventure au rappel de 60 mètres. Ca fait haut pour tomber. Et c’est bien ce qui a faillit arriver à l’Américaine de Défi Raid. Ils remontent tout juste de l’arrivée du rappel et Manu, leur capitaine, est blême. Le huit de la miss a été accroché sur un des passants (sur lesquels on met normalement les longes). Le passant a cassé et miraculeusement, en tombant, la jambe de la miss s’est enroulée autour de la corde. Elle continue la course comme si de rien n’était.

Descente sur le PRA3. Céline veut courir. Ludo est catégorique : on marche.
Scission au sein du parti, deux courants s’opposent : le courant des 100 000 volts (Céline et olivier) et les modérateurs (d’allure…, Ludo et moi). Nous on est plutôt branché courant alternatif : un coup de bien, un coup de barre…
Grosse tension dans l’équipe…

Arrivée au PRA 3.

9 heures de CO
mardi-2 heures du mat

Je suis carbonisé. Ca caille carrément. On a envie de dormir. C’est quoi ce sport de taré ?
15 minutes pour se changer, manger, se motiver. C’est déjà le gong. L’adjudant féminin est sur son vélo. « On y va, allez, allez ! »
(« allez » : mot de 5 lettres particulièrement énervant, qui ne sert qu’a faire culpabiliser celui qui l’entend…)
Pourquoi faire les choses calmement quand on peut les faire dans le stress…

section 4
VTT
Hypo-Ludo

On attaque par deux heures de montée, histoire de nous calmer. Ludo est bon pour la voiture-balais. Si il ralentit encore, il redescend en marche arrière. C’est interminable cette côte. Olivier s’endort au guidon. Les PSL nous doublent, leur féminine tractée. On continue, imperturbables.

Au sommet, première hypo pour Ludo. Il prend deux guronsan.. J’essaie de rouler à côté de lui mais il se traine tellement que je le largue sans même le vouloir. L’escargot en bave. Subitement, je l’entend monter une vitesse, puis deux, puis le moyen plateau, le tout en 10 secondes. Il part comme une balle en criant « j’ai la patate d’un seul coup ». On attaque la descente à bloc. On a des gros spots comme éclairage et c’est tellement bon de descendre. On repasse les PSL, Florence, leur féminine à le casque de travers, la frontale sur un œil. Elle a l’air complètement en vrac.

On continue de tartiner. Lever du jour à la balise 13. Grosse remontée de moral pour tous. Rassurez vous, ça ne va pas durer…
Une demi-heure plus tard, Olivier négocie avec un papy pour emprunter son chemin privé. Quand on se retourne vers Ludo, il est allongé de tout son long au milieu de la piste. Les yeux mi clos, il à l’air inconscient.
« Oh Ludo, ça va ? » Pas de réponse. Il est complètement dans le cirage. On lui donne des pâtes de fruit, de l’eau et de la vitamine C. Il repart en marchant, livide. On fini piteusement la section. Pendant la dernière demi heure, on ne pense plus qu’à ce qu’on va manger en arrivant. Aurélien nous a promis des tartines de pélardons aux pommes et au miel…

8 heures de VTT
arrivée mardi 11h30

PRA 4
C’est si bon de manger. On se goinfre.

Section 6
Trek

On repart gonflés à bloc. Ludo se sent des ailes. Pour ma part, j’ai toujours de la guimauve dans les jambes…Au bout d’une heure, Olivier me tire à l’élastique. On repasse Raid nature 46, puis les PSL. Gros rythme de progression. On rattrape Défi Raid. 30 heures déjà depuis le départ, et on court comme des tarés dans les sous bois, pour aller encore plus vite.
Petite engueulade entre Céline et Olivier. Classique. Un peu de bartasse le long d’une rivière, puis une piste interminable (2 heures) jusqu’à l’arrivée. On arrive dans la même minute que les PSL et Raid Nature 46.

Arrivée mardi 17h, après 33 heures de course.

Les derniers arriveront le mercredi à 11 h (+ de 50 heures de course !).


2ème ETAPE
VTT

On repart le jeudi matin, à 3h.
Ca commence par une montée, pour changer. Les équipes de tête partent à bloc. Nous on gère plus tranquillement. On rattrape les Raidlinks et Planète Tonique, et on arrive en groupe au col, après 3h30 d’effort. C’est là qu’on fait notre grosse boulette…ils partent à gauche, par la route des crêtes. Nous on opte pour la descente dans la vallée (qui dit descente dit remontée de l’autre côté). Une bonne grosse descente ou je me pèle tellement que j’arrive en bas tétanisé. Je ne vais pas m’en remettre. Dans la remontée, je coince. Olivier tente de me tracter mais je n’avance vraiment plus. Grosse « hypo », allongé sur le dos, au bord de la route. Il est 7h30. Encore 35 heures de course !





Il est pas frais le gars...














On repart à deux à l’heure et on s’arrête dans un café. Je m’allonge sur les banquettes, au fond du gouffre. Le seul client, un petit papy, nous parle de ses problèmes de prostate. C’est glauque cet endroit…

On reprend les vélos pour aller chercher la balise 19, tout en haut de la crête. On croise plusieurs équipes qui descendent à bloc. Elles sont passés par le chemin des crêtes. On se sent tous minable, avec notre choix foireux d’itinéraire. Grosse baisse de moral pour tous. Arrivé au sommet, Céline et moi on s’engueule un bon coup. Ca couvait depuis 3 jours. Là on se lâche…sympa l’ambiance !

On commence la montée vers le Canigou. Ludo dit : « la prochaine voiture, on l’arrête et on s’accroche sur les côtés ! ». Juste à ce moment on entend un bruit de moteur. On voit un gros camion de « Pink Floyd » déboucher du virage. Ludo ne se démonte pas et leur fait signe. 1 minute plus tard, mon Ludo et moi, on est assis à l’arrière, entre les vélos, la cuisinière, le chien et les gamins (ils en ont trois). Ils sont à la recherche de copains qui circulent dans la montagne en roulotte…On leur raconte notre course. Ils nous prennent pour des malades !!! Au bout de 5 minutes, ils nous déposent. On a gagné 200 mètres de dénivellé…





Les pinks floyds viennent de nous déposer. On est mort de rire avec Ludo...pas Olivier et Céline...











Et c’est reparti pour les forçats de la piste. Quelques lacets plus loin, Céline et moi faisons la paix.


Trois heures pour atteindre le col. On n’a pas spécialement mal aux jambes, par contre on a les fesses en choux fleurs…













deux pauvres types perdus dans la montagnes...












petite pause au sommet...0°c et 60 km/h de vent...hummmmmm, quel pied !!!











Balise 20, place au portage de VTT. Il y a tellement de vent qu’on a l’impression qu’on va s’envoler avec le vélo.



Pour corser l’affaire, on traverse un éboulis rocheux et c’est miraculeux qu’aucun de nous ne se ramasse. On arrive à la balise 21 à 15 heures. Pas de problème, mercredi, Olivier a écouté religieusement le briefing. Il nous repète depuis ce matin qu’il n’y a pas de porte horaire…Sûr Olivier ? Perdu !

On est aiguillé sur le parcours aventure.

Banzaï côté versant nord. La végétation devient méditerranéenne, le soleil revient, on descend à bloc…yaooouuuhhh…la boulette est revenue. Petit VTT technique. Olivier et moi on s’amuse à faire du trial. Hop, hop, hop…et un gros soleil pour Olivier. J’égalise en prenant un râteau sur le dos. On voit des étoiles. Ca nous calme bien.





On fait les beaux...mais dans 5 minutes, Olivier et moi on prend chacun un gros rateau










Arrivée au PRA 6, on s’est tapé 14 heures de VTT. On a les fesses…

Jeudi, 17h

Spéléo
Ca va être tranquille la spéléo, on va pouvoir se reposer…
Pas vraiment non…C’est super beau, mais super casse tout aussi…on se retrouve à marcher pliés en deux, puis accroupis, puis à quatre pattes, pour finir à ramper sous les stalactites. On a les genoux ruinés. Au secours, c’est par où la sortie ?













VTT
On enchaîne direct avec le VTT. Les Hollandais de Merrell sont partis une demi heure avant nous, en bike and run. On les rattrape vite, mais ils s’accrochent. Ils courent comme des malades dans la forêt. On a mal pour eux.
PRA7
Arrivé au camion, on mange de l’alligot (Aurélien, c’est un chef) et on dort une heure. A 23h45, on repart pour le dernier trek.

Trek

Ca commence par une p… de montée, on se traîne à 300 mètres de dénivellé heure. Arrivé en haut, Ludo demande à s’arrêter une minute. Il s’assied et s’endort dans les deux secondes qui suivent, en ronflant. Deux secondes, record du monde battu. On explose de rire et il se réveille aussitôt. Il nous dit qu’il a rêvé !




Ludo fait le point...il vient de battre le record du monde...






On repart mais on est de plus en plus crevé. Vers 5 heures du mat, on passe dans un petit village. Un type erre avec des paquets sous le bras. C’est Manu, de Défi Raid. Il a l’air complètement à l’ouest. Il cherche son équipe qui dort quelque part dans le village (ils ont trouvé une grange et dorment dans la paille).

On continue encore une demi heure et on s’écroule dans un pré, au milieu des bouses de vaches. Une demi heure de « comatage » et le réveil sonne. On est congelé, tétanisé.

Je marche à deux à l’heure, en laissant traîner mes bâtons derrière moi. Ca fait hurler de rire Ludo, qui marche derrière. Il se fout bien de ma gueule. Au bout de 5 minutes, il est hystérique. Pour rien, il s’allonge au milieu du chemin, en hurlant d’un rire suraïgue. Il doit lui rester un quart de neurone non congelé au Ludo.

Miracle, Olivier repère un refuge à 15 minutes de là. 3 matelas un peu pouilleux, 3 couvertures à puces : c’est le nirvana !
On dort deux heures, quel bonheur…




Un des meilleurs moments du raid...




Au réveil, on pête le feu. Il fait beau, des chevaux broutent dans le pré, ça sent l’écurie pour nous aussi. Plus qu’une journée de trek. On tartine jusqu’au refuge de … On y retrouve nos Hollandais. Eau chaude, café, pâtes. On traîne, on est bien.

Allez, c’est parti pour l’assaut final. Pour ma part, j’ai l’impression de revivre. Comme si je dominais à nouveau mon corps. Je me suis traîné pendant 3 jours et d’un coup: la boulette. On court dans les descentes et sur le plat. On repasse les Hollandais.



Derrière nous, le Canigou, devant l'arrivée...plus que 10 heures de trek. Après ce qu'on s'est mis, ça nous parait une formalité !







Ludo attend la dernière balise pour coincer. Il court avec les cuisses écartées. Un petit problème d’irritation.« Eh moins vite là, j’ai les c… complètement brûlées… »Avec son accent du sud en plus, c’est dur de ne pas se marrer. On ne se gêne pas d’ailleurs pour bien se foutre de sa gueule !





Ludo, comment vont tes ... ?









18 heures de trek

Dernier PRA, il est 18h, on fonce faire la CO avant la nuit.
Olivier regarde la carte et part au sprint, comme une CO régionale. Ludo et son entrejambe douloureuse ne bougent pas d’un centimètre. Bon, on va composer.

On oriente à deux et on s’amuse bien. Dernière balise.

On descend sur Eynes. Dans une minute, c’est terminé. On va passer la ligne d’arrivée sous les applaudissements, on va se prendre dans les bras, on va sûrement pleurer d’émotion, de fatigue, de joie. Ca va être magnifique.
Ludo craque de partout, on dirait un petit vieux. Dernier virage. « On attend Ludo, on reste groupé pour la photo… »
Une banderole, une table, une pointeuse seule dans la nuit. C’était l’arrivée…ah oui, on la voyait pas comme ça tient. Finalement on va pas pleurer.

Arrivée à 19 heures
44 heures de course

Christophe