Soignez votre foulée !
Nous savons depuis plus de 50 ans que le corps choisit spontanément la foulée la plus efficace compte tenu de ses qualités. Au regard du coût énergétique, notre foulée serait un système auto-optimisé capable d'apprendre spontanément à dépenser le minimum d'énergie. Ce constat peut nous inciter à ne surtout rien changer. Puisque le corps choisit de lui-même la meilleure solution, pourquoi la tête s'en mêlerait-elle ? Ce point de vue très honorable souffre toutefois de deux faiblesses…
Sommaire
Renforcez qui vous voudrez
L'anti-douleur
Cours le muscle !
Et le renforcement général ?
Annonce
Le numéro 12 du magazine Zat
Renforcez qui vous voudrez
Ces dernières années, plusieurs études ont montré qu'un renforcement musculaire spécifique des muscles impliqués dans la course (sauts, squats..), permettait de réduire le coût énergétique et d'améliorer les performances sur les courtes distances notamment (5-10 km). Ces résultats confortent les entraîneurs et les coureurs adeptes du renforcement musculaire aux côtés de la course. Mais ces résultats ne sont-ils pas contradictoires avec l'idée d'une foulée auto-optimisée ? Pas vraiment ! Le geste est optimisé pour un niveau de qualités donné. Si les qualités du pied ou de la cuisse progressent suite à un entraînement de technique ou de puissance, on peut s'attendre à ce que le système foulée se réorganise et – dans le meilleur des cas – trouve un nouvel équilibre plus efficace que l'équilibre initial. Autrement dit, ce n'est pas parce que le corps se débrouille bien que la tête n'a rien à dire (et vice-versa).
L'anti-douleur
En 1991, deux chercheurs nommés Farley et Taylor rapportent que des chevaux qui passent naturellement du trot au galop, augmentent leur coût métabolique au-delà de ce qui adviendrait s'ils restaient au trot. Ce constat est en opposition flagrante avec l'idée d'une foulée qui s'adapterait spontanément de manière à réduire le coût énergétique. Alors pourquoi certains chevaux décident-ils de changer de mode de locomotion alors que cela leur coûte plus cher ? Pour les deux chercheurs, lorsque les chevaux passent au galop, ils réduisent le pic de force sur leurs muscles, leurs tendons et leurs os ce qui pourrait réduire les risques de blessure. Chez les humains, des adaptations de la foulée destinées à réduire l'impact au sol sont également à l'œuvre notamment chez les personnes âgées ou chez des sujets souffrant de douleurs aux membres inférieurs (Lee et al 2007, Karamanidis et Arampatzis 2005). Ce constat pourrait même se retrouver chez des athlètes de haut-niveau. Le coût énergétique ne serait donc pas le seul paramètre optimisé dans la foulée. Or si le corps doit trancher entre la fuite de la douleur et le gain d'efficacité, à votre avis quelle solution préfère-t-il ?
Cours le muscle
L'époque est au muscle et à son renforcement. A la technologie aussi. Un petit appareil nommé Myotest Run®* propose de vous accompagner dans les exercices à entreprendre pour améliorer le rendement de votre course. La promesse d'une amélioration possible des performances n'est pas vaine. L'augmentation du risque de blessure non plus ! Modifier sa foulée demande du temps, de la persévérance, beaucoup de progressivité, bref un certain tact. Rien à voir avec quelques dizaines de sauts placés ci et là. Si notre corps est un système auto-optimisé à plusieurs critères (rendement, douleur, blessure…), nul doute que notre tête puisse aussi apprendre à l'être.
* Dès le 1 novembre, retrouvez sur volodalen.com, un dossier complet sur le Myotest Run®, ses promesses, ses limites.
Et le renforcement général ?
Nous avons parlé de renforcement spécifique (membres inférieurs) susceptible de participer à l'amélioration des performances en course. Et le renforcement général ? Vous connaissez ces exercices de gainage réalisés avec le corps aligné et tous les muscles contractés*. Et bien deux chercheurs américains viennent de montrer que leur pratique permet d'améliorer les temps de coureurs sur 5 km. Ce résultat ne fait toutefois pas l'unanimité. En revanche l'intérêt du renforcement général pour la prévention des blessures (notamment des genoux pour les coureurs) fait l'objet d'un large consensus. Alors puisqu'il s'agit d'améliorer une foulée dont on ne sait – à priori – si elle est déterminée par l'efficacité ou l'innocuité du geste, le renforcement général a sa place à côté des sauts et autres cabrioles.
* Retrouvez ces exercices dans le magazine Zatopek n° 12
Références disponibles sur le site volodalen : http://www.volodalen.com/30mag/lemag34.htm
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