Deux caméléons dans la neige, par Francesco

Ce dimanche 14 décembre restera dans les annales de la météo, avec des chutes de neige record dans la nuit de samedi à dimanche....

Ce dimanche restera aussi dans mes annales de la CO "raid", avec un parcours digne des raids FFCO (en une étape) , dans la neige.

Les chiffres parlent: 20 km parcourus en 3h48, 18 balises, près de 900 de D+ et 15 cm de neige fraiche, blanche, vierge et immaculée sous les crampons!

Tous commence vers 7h, quand deux MUCistes (dont je tairais le nom pour éviter tout sarcasme) m'envoyent un texto:

"la pluie à raison de nous, ne nous attendez pas"

réponse :

"qui a raison?"

Nous partons équipés et prévoyant dans le beau camion bleu de Goud... dans le doute, mais le ciel s'éclaircit déjà vers Gignac.

Le bleu apparait à Lodève, sous la forme de la police montée de l'A75; la gendarmerie nous met en garde sur les conditions difficiles qui nous attendent.

Repos...

Café à la boulangerie du Caylar, sous 20 cm de neige fraiche.

La DDE est là, et ne sait pas si les routes secondaires sont déjà praticables.

Ce ne sont pas quelques centimètres de poudre blanche qui arrêteront deux montagnards bien équipés, de chaines, et d'un camion bleu avec banquette rabatable, et doté de 4 pneu neige flambant neufs...

Sortie de la Cavalerie ça passe, derrière les chasses neiges...

Le doute persiste tout de même, car en dehors de la départementale, c'est tout blanc!

Saint Rome de Cernon est atteint sans problême, et la petite route à la sortie est plus .... blanche; là, seule la 207 de Christian P avait préparé notre passage: son bas de caisse avait bien déblayé la route, et ça passe encore.

Sur la côte avant Candas, un ahuri en Merco met ses chaines et repart: nous voilà arrivés vers 10h00.

Il y a du monde à l'accueil, quelques fondus, et après répérage, et élimination des balises potentiellement dangereuse le top départ est donné vers 11h00, mais la fin de course est annoncée à 14h30..

Les 7 premiers postes sont en free-order, et après il restera 13 postes.

Dans la salle des fêtes , pendant le briefing, Christian et moi même décidons de partir lentement mais surement ensemble, pour une expérience qui nous semblait déjà remarquable.

La course démarre dans le calme, si ce n'est pour une erreur causée par Robert, qui nous y met dans l'erreur.

Règle une: fait toi confiance, et ne suis pas les autres...

Par la suite Robert nous devancera toujours, mais nous ne le suivons plus.

Les 7 premières balises sont attaquées de façon à limiter le dénivellé, et le choix nous semble bon.

Vers la 11 et la 12 nous sommes bien, et là je laisse Christian pour une descente vers la 14.

Dans la montée nous avions bien anticipé, et déjà défini un choix d'itinéraire sur lequel je ne reviens pas.

Règle 2: une fois que le choix est fait, fait le bien...

L'attaque sur la 14 est chaud; une série de falaises infranchissables, dans lesquels je fini par trouvé un passage.

Je coupe à travers champs, et jusqu'à la 15, je coupe dès que possible et fais ma trace dans la poudreuse.

J'ai déjà souvent marché dans la neige, mais de faire 20 km de CO dans ces conditions hivernales a été une grande première qui restera gravée dans ma tête comme une première fois; j'avais un peu peur de souffrir mais en fait ça n'a été que du bonheur....

De découvrir un itinéraire dans la forêt blanche et immaculée, les bruits calfeutrés, la neige qui tombe des branches pliées sous son poids, la découverte du sentier sous 15 cm ....

A la 15 je rejoins Franck P, qui cherche la 16.

Avec calme et méthode on la trouve sans trop de difficulté.

En sortie de poste il coupe, et j'opte pour l'aller retour plus sécurité...

Je vais devoir transpirer pour rattraper les 50m qu'il m'a mis, mais il n'est pas question, ni de se faire lacher, ni de se cramer....

Je le rejoins avant la 18, point culminant de la carte. Heureusement que nous y étions deux, et qu'on a bien réfléchi, repéré tous les éléments dans ce terrain blanc, car elle était bien planquée au fond du trou la 18!

De la descente droit dans la pente, sur le cul, façon luge sans luge.......

Au village de Montjoux on regarde la montre et on se dit que ce sera chaud de finir toutes les balises mais on est bien certains que personne n'est devant, la virginité du manteau neigeux ne nous ment pas.

Restant dans l'esprit de la CO "dans l'ordre", on décide de pointer la 19, et voir ensuite si on aura le temps de faire la 20 et la 21...

L'attaque dans le ruisseau est rude, mais fabuleuse: descendre ce vallon en suivant le cours d'eau, en dévers, en traversant, en se tenant aux arbres.... génial!

Après la 19 on décide de se taper la route au plus vite en passant par le pont en contre bas; nous y voyons deux biches....

Nous ne nous les taperont pas, mais les deux kilomètres de goudron , oui. C'est bien le seul moment où je vais regretter mes chaussures à clous!!!

3h48 dans des ballerines de suédois, ça allait sur sol meuble, mais sur la route, non.

A la dernière balise au bord de la route on croise Goud qui était venu nous encourager, et je fini avec 2 minutes de retard derrière Franck...

Que du bonheur, qui me fera même oublier la platrée de pâte qui ferait se retourner Don Patillo dans sa tombe.

L'an prochain, j'y retourne , si je peux, et j'ai envie de me faire un ou deux raid FFCO pour retrouver cette ambiance de CO longues, et avec des belles dénivellées.... comme sur le raid ATO.

La pluie a eu raison des deux MUCistes qui ont préféré la couette,

Mais moi j'ai eu raison d'y aller avec GoudGoud, d'y retrouver Christian, et de faire ma trace dans ces collines Aveyronnaises...

Merci au YAKO.