lundi 28 juin 2010

130 km sur la Dordogne

           Pendant que bon nombre de Caméléons pédalaient couraient et pagayaient avec brio à Lunas, je m'offrais en solitaire une petite escapade sur trois régions et trois départements mais sur un seul cours d'eau : La Dordogne

               Vendredi en début d'après midi rendez vous chez Pat car bien que seul dans mon Kayak (plus exactement dans le kayak que Lapin me prête pour l'occasion) nous sommes 11 à nous déplacer. Jean François en K1 comme moi, puis 8 dans une pirogue 6 places avec des rotations aux ravitos et enfin Pierre (organisateur en chef du raid de st jean de maruejol et copain de lapin) en assistance.
        Arrivée pour le diner sous un crachin bien breton. puis montage des tentes sur le stade de rugby et préparation des bateaux car demain à 5h il sera trop tard pour s'apercevoir qu'il manque un bouchon ...
       4h30 tout le monde sur le pont, 6h tous sur l'eau, 6h30 sur la ligne de départ K1 - K2 - Pirogues et autres embarcations à rames. C'est parti pour 126 km (on a déjà gagné 4 km mais avec les zig-zags nécessaires pour chercher les bonnes veines d'eau on fera bien les 130)

      Ça part vite mais je fais l'effort de rester dans le groupe de tête et suis à 30 puis 50 m la pirogue barrée par Gilles donc fin connaisseur des cours d'eau et des trajectoires à rechercher. L'ambiance est magique car la brume et les méandres  font disparaitre puis réapparaitre les bateaux.
     Les rapides se succèdent mais passent bien, j'ai la frite, je me régale et suis comme  le fou qui tombe du 80ème étage et qu'on entend dire au 40ème jusqu'ici tout va bien !
      Mais à 2 km avant 1er ravito (Beaulieu) dans un seuil où il fallait passer à droite je me pointe un peu trop au milieu, vois trop tard un pleureur (cailloux légèrement recouvert par le courant) Crak et re crac ! ! !
          Le "rabbit's boat" à morflé !  mais encouragé par les spectateurs et les pirogueux qui viennent de faire leur 1ère rotation et qui m'annonce 5ème je fonce et ne m'arrête pas pour voir les dégâts ! un canot en carbone c'est solide !   FAUTE que je vais payer très cher !

            La vague d'étrave est bizarre, le bateau lourd et peu manœuvrant... en trois mot "je prends l'eau " ! Je trouve vite un bout de berge accueillant, déjupe, sort et tente de retourner les 12kg du kayak qui sont passé à 25... et glou et glou et glou !  MERDE !
       Pendant que je vide pour la 1ere fois 2 concurrents me doublent !
Je repars et fais attention à ne pas me griller; la course est encore longue et/ou très courte si je ne peux pas réparer au ravito 2 (si j'y arrive !)
            Je viderai 4 fois et ne compte plus les adversaires. Le bateau est bien ouvert sur 2 belles fissures et se rempli vite.

         Arrivée à Carennac portage obligatoire et arrêt pour moi (à 8'07'' sur le film derrière l'organisateur en train de réparer)
        L'assistance de la pirogue vient de repartir et personne n'a de scotch (seul la croix rouge me proposera de l'élasto mais ça va pas le faire! ). Jean François arrive  8' après mais le scotch qu'il avait pris avec lui était mal calé dans le kayak et il l'a déposé au 1er ravito ! je me sens dans la peau du gars qui va abandonner sur bris de matos et pense aux 2 derniers raids fait avec Goud (c'est bien moi qui porte la poisse ).
         Au moment ou j'annonce au responsable mon abandon, j'apprends que Roland Lebeau raideur et kayakiste toulousain  s'est baigné et a abandonné.  Il est sur le ravito avec son camion. Si lui n'a pas de scotch je ne m'appelle plus Martin !!!
Bingo ! T-shirt pour sécher la coque et Scotch orange de plombier BINGO ça colle !!!

C'est reparti !  Faut gérer ! Compter les ravitos, les ponts, rester concentré pour être dans les bonnes veines d'eau et remonter tous les autres (appelés sur le moment de tous les noms d'oiseaux et autres mammifères...)




          
            A saint Sozy j'ai rattrapé jean François et m'arrête aussi vite qu'une formule 1 aux stands pour vérifier ma réparation. Pas d'eau dans le caisson étanche ! je finirai maintenant c'est sûr !
             S'enchaine alors la suite comme prévu, sauf des averses digne du mois de mars qui nous tombent sur le dos comme des hallebardes . La boisson dans la gourde n'est pas encore écœurante et les barres alternent avec une pâtée de nouilles bien salées;  les pipis se font dans l'écope et je suis dans un bon rythme. Je remonte les adversaires les uns après les autres et ça c'est bon pour le moral !
             Trois gros coups de pelles et je déjupe, trois autres je prépare le casse croute ou l'écope, trois autres et je pose la pagaie sur le pont pour faire mon taff, puis reprends vite la pelle et repars en rangeant avec la même démarche trois - trois - trois avant de retrouver le rythme normal (comme ça je reste dans le courant et ne m'arrête pas - mine de rien c'est important et on gagne vite 50m).
        Soulliac pas d'arrêt ! St Julien : juste le temps de demander une bouteille d'eau sans même débarquer : Je ferai le transfert  de la pipette et de la boisson concentrée déjà préparée dans une toute petite gourdasse dans le courant.
       Les bras se font lourds, il me reste 27 km, 5 ponts et 1 ravito ; Je calcule le temps approximatif : 2 heures au plus ou je suis mauvais !  à 16 h je dois être arrivé  ! gauche - droite et rebelote. Le paysage est magnifique mais je n'ai pas vraiment ni le temps ni l'envie d'en profiter car la rivière même si elle est plus calme; est pleine de marmites qui déplacent le bateau le déséquilibrent et ont vite fait de retourner un pauvre kayakiste fatigué ... rester concentré !
            Vitrac 10.5km je suis dans mes temps calculés. Le poignet droit devient très douloureux et je suis obligé de modifier mon coup de pelle! Faudra que ça tienne car même si je tiens la pagaie parfois du bout des doigts  j'arrive à maintenir un rythme correct.
                    Pont 23 : 6km    La roque Gageac : 3km

                     Le pont de castelnaud en vu il ne me reste que 300m et il est 15h59 !   Saloperie je suis en retard !!! mais si content d'être arrivé à bout de cette Dordogne de cette course contre moi même !
              Accueilli par les pirogueux qui m'aident à m'extraire de mon kayak et qui me félicitent. J'ai mal partout et mets 15 bonnes minutes à réaliser. Zombi sur la berge.
         Ranger le matos, prendre une bonne douche chaude puis boire une mousse ou deux !  Monter la tente avant qu'il ne pleuve , une sieste , le podium pour applaudir les plus rapides et une bonne bouffe bien méritée avant une nuit réparatrice. Demain sera un autre jour et la Dordogne 2011 est déjà dans ma tête !

               résultat : 9h34'57'' soit 15ème au scratch toutes embarcations confondues et 6ème en K1 solo. Le troisième K1 est en 9h18 ce qui me laisse un peu amer d'avoir été si maladroit dans le seuil de Beaulieu mais il me faut apprendre à lire la rivière comme il faut pour être meilleur et ne pas perdre de précieuses minutes !  Donc potentiellement très perfectible...

                   Le poignet à gagné une grosse tendinite (syndrome de Quervain pour les spécialistes) avec arrêt 3 semaines (ça me fera du repos et sous cortisone je vais aller courir sans même sentir mon genou ) Le bateau de Gilles sera réparé en deux étapes grâce à l'aide de Jean François ancien fabriquant de kayak de mer (une compétence: de plus la résine époxy)
Un petit lien,  film de l'épreuve avec votre serviteur caché en fond d'image à 8'07" et 12'30" à l'arrivée)
http://tvsports-nature.com

Martin le Léon D'eau douce !

7 commentaires:

pasto applause a dit…

le parc aquatique de souillac était il ouvert ?

T'as peut être pas eu le temps de regarder :))))

C'est vrai que tu avais de gros poignets à l'avant-dernier training de gilles ...

Moi je ne sors plus jamais sans le "scotch noir" !!

Dom a dit…

si t'es pas scotché , tu te tais et tu rames !

Anonyme a dit…

Et lundi soir, t'es resté scotché chez toi?...humour...
Un grand bravo pour ta persévérance et ton courage!Plein de Biz...
La jeune amatrice de zique!

Stef a dit…

Bravo abraracourcix !
Pas d'ampoules aux fesses ?
Tu m'impressionnes, chapeau !!

Franc a dit…

C'est pas gai cette histoire de pagaies...
J'espère que tu peux encore attrapper un verre et boire l'apéro avec ça!
t'aurais pu mettre du scotch autour des poignets, ça t'aurais peut-être renforcer les tendons...

a demain

prez purée a dit…

prochain objectif : le détroit de gibraltar ou bien direct la traversée de l'atlantique ?

Anonyme a dit…

attention Martin si tu cours trop, c'est le syndrôme de l'essui-glace!

biz ,et chapeau pour ton mental,

Chris.